«L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. Nos yeux sont faits pour voir les formes sous la lumière; les ombres et les clairs révèlent les formes; les cubes, les cônes, les sphères, les cylindres ou les pyramides sont les grandes formes primaires que la lumière révèle bien; l’image nous en est nette et tangible, sans ambiguïté. C’est pour cela que ce sont de belles formes, les plus belles formes. Tout le monde est d’accord en cela, l’enfant, le sauvage et le métaphysicien. C’est la condition même des arts plastiques.» |
L’ARCHITECTE ET LE PEINTRE |
Dans un de ses essais sur Le Corbusier, Bruno Reichlin a analysé les connexions entre sa peinture puriste et les projets architecturaux qu’il effectuait à la même période. (B. Reichlin, «Jeanneret-Le Corbusier, painter- architect» in E. Blau, N. J. Troy, Architecture and Cubism, Centre Canadien d’Architecture, Montréal, 1997, pp. 195-218.) Le Corbusier et Ozenfant conce- vaient en effet leur peinture dans les trois dimensions et non comme une surface, établissant ainsi un lien direct avec l’architecture, ceci autour du concept d’espace. Reichlin a mis en exergue les traits caractéristiques cor- respondant aux différentes étapes de lÕvolution de la composition de ces peintures : d’une part, le remplacement progressif d’une centralité unique par une texture constituée d’une multitude de centralités, sans hiérarchie apparente; d’autre part, la concentration dÕvénements vers la périphérie du tableau, créant par là un mouvement centrifuge dans la composition des tableaux; enfin, la perception simultanée d’une multitude dÕvéne- ments, les objets étant situés à la fois dans des plans différents, devant ou à l’arrière, horizontaux ou verticaux. |
Les tracés régulateurs |
La composition de plusieurs des peintures de Le Corbusier de la période puriste était contrôlée par la méthode des tracés régulateurs, pratique étendue aux projets d’architecture et «présentée pour la première fois en 1921 dans le numéro 5 de L’Esprit Nouveau : le recours à une règle mathé- matique pour l’architecture est conçu comme un procédé inhérent à l’acti- vité créatrice.» (D. Matteoni, «Tracés régulateurs» in J. Lucan (dir.), Le Corbusier, une encyclopédie, op. cit., p. 409.) |
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